Il n’y a pas si longtemps, un maître Zen appelé Ezra Bayda a écrit, "Quand on y pense
vraiment, tout est votre professeur." En allant à l'école aujourd’hui, j'ai pensé à la
façon d'écrire cette introduction. J’ai alors remarqué une feuille sur le pavé d'asphalte
près d'un cimetière bouddhiste à Tokyo. Certaines parties de cette feuille de cerisier
étaient vertes et vibrantes et d'autres montraient des signes de décomposition et
jaunissaient. Certaines sections étaient même d’une couleur brun foncé et semblaient
presque sans vie. En soulevant la feuille délicatement, j’ai réalisé en examinant ses
teintes panachées, à quel point je lui ressemblais.
À l'âge de 65 ans, certaines parties de mon corps sont toujours « vertes » et vibrantes.
Cependant, d'autres parties sont visiblement entrain de vieillir et d’autres encore se
sentent déjà « mortes ». Les illustrations, poèmes et dialogues regroupés dans cet
ouvrage sont les produits d'une feuille insignifiante. Si vous le souhaitez, vous pouvez
également considérer ces derniers comme des feuilles. Leurs couleurs et formes varient,
mais bientôt la plupart d'entre eux deviendront simple poussière ou compost.
En examinant la feuille dans ma main, je la trouvais isolée, presque solitaire. Les
vents l’avaient portée loin de l'arbre sur lequel elle avait probablement initialement
surgi. Cependant, aucune feuille ne subsiste toute seule. Bien que celle que je tenais
ressemblait à un orphelin solitaire, elle avait encore les marques du cerisier duquel
elle provenait.
Je devrais avouer que je me sens aussi déconnecté de(s) l’endroit(s) d’où je suis
originaire. Le New Hampshire et de la Pennsylvanie sont de lointains souvenirs et
aujourd'hui, j'ai vécu plus longtemps au Japon et à Taiwan qu’en Amérique du Nord.
Toutefois, je remarque de temps en temps quelque chose de ces endroits dans ma conscience.
Je remarque aussi d'autres endroits, presque comme si toute mon existence était identique
à une pile de feuilles mortes.
Dans ce mélange biologique appelé « Tim Newfields » se trouvent quelques nuances de
vert vif parmi du roux flavescent en décomposition et des couleurs terre d’ombre
rubiconds. Cependant, le vent souffle avec grâce sur chaque feuille et joue aussi avec
toutes les structures que nous créons. Ce matin, j'ai reposé gentiment la feuille où
je l’avais trouvée, je me suis brièvement incliné devant elle, puis ai marché
tranquillement vers l’école.